Inconscient collectif et société vietnamienne

Inconscient collectif et société vietnamienne.

 

  1. Généralités.

Le fonctionnement de la société vietnamienne est basé sur une passé historique voire protohistorique. Ce fonctionnement est destiné à assurer la survie d’un modèle social dans un monde agricole centré sur la culture du riz, basé sur un système collectiviste. Celle-ci permet des récoltes communes au sein d’un groupe social tel que le village et la gestion des troubles climatiques (typhons, tempêtes, inondations…). Cette survie est assurée par une discipline collective justifiant une hiérarchie sociale précise retentissant et primant sur la hiérarchie familiale.

Toute remise en question de l’ordre établi est impossible, toute contestation est donc interdite puisque le bien commun de la structure collective prime. Le but est d’assurer une stabilité du groupe social permettant la survie voire la vie et éventuellement un progrès matériel. Tout comportement individualiste est mal toléré en particulier les comportements amoureux publics tels que les baisers, seul le fait de se tenir par la main est toléré.

En effet, le comportement social est centré sur la production du riz et d’une manière générale le travail. On considère toute distraction comme diminuant le productivisme et altérant donc le fonctionnement social.

Cette société autoritaire encourage la surveillance des groupes sociaux entre eux (gardiens : Bau ve, caméras…) ce qui permet de sous traiter la surveillance sociale par ces mêmes groupes qui en réfèrent à l’Etat en cas de problème. L’Etat se contente alors de gérer la police et les problèmes prioritaires, (criminalité…). A ce titre, on assiste même à une faible prise en charge des litiges intersociaux c’est-à-dire entre individus, la police ou la sécurité publique ne s’y intéresse que peu et tolère des règlements de comptes internes telles que bagarres, intimidations entre personnes pour régler des litiges qui ainsi ne nécessitent pas le règlement par des tribunaux. On peut citer à ce titre les règlements de dettes impayées par exemple.

La recherche d’un plaisir, le désir de quelque chose qui nécessite par définition un comportement individualiste se voit ainsi orienté.

Le plaisir charnel avoué en tant que comportement social public est mal toléré ou interdit car il monopolise trop de temps pour la séduction, voire la réalisation l’acte amoureux.

Le temps nécessaire à la production est ainsi obéré, ce qui est mal supporté. Cette absence d’individualité se remarque également dans les discothèques appelées au Vietnam « Clubs », il n’y a pas de véritables danses individuelles sur une piste de danse, l’individu se contente éventuellement de danser à côté de sa table tout seul. Il cherche surtout en fait à discuter, à boire et à voir les autres ainsi qu’à s’afficher. Il n’y a donc pas de véritable comportement chorégraphique personnalisé.

La société encourage plutôt le plaisir oral ainsi aux dépens du plaisir génital. Ce plaisir oral est socialisé, sa publicité au sens d’être rendu public au sein d’un groupe social est acceptée à l’inverse des relations amoureuses. Il permet même l’établissement de relations sociales en partageant à plusieurs connaissances ou amis le même plaisir oral du repas.

Le plaisir alimentaire permet de varier les plaisirs (modes différents de faire la cuisine, réalisation de plats avec des animaux très variés tels que les chiens, les chats, la tortue, les anguilles…). Ce plaisir dans la cuisine est souligné par la richesse du vocabulaire culinaire, il existe un mot différent pour la cuisson en friture, la cuisson en barbecue, à la vapeur, en bouillon etc. Un seul mot définit un type de cuisson bien précis. Le fait de manger tout ou presque tout type d’animal sauf les araignées (les sauterelles sont appréciées) donne également à l’individu une impression de domination sur les autres êtres vivants. Ce plaisir oral est également encouragé par une nécessité alimentaire de diversification pour la recherche de protéines.

 

Cette société autoritaire possède seule le monopole de prélever l’argent par l’impôt ou d’agresser quelqu’un par le biais de la police. Elle ne tolère pas les comportements marginaux qui constituent en fait une concurrence. Une norme sociale unique est imposée. Les éléments déviants sont reclus que ce soit les voleurs emprisonnés, les handicapés cantonnés à la maison de façon invisible, de même jusqu’à un passé fort récent les femmes divorcées étaient mal considérées et donc le divorce était découragé. Une variance sociale est néanmoins tolérée quand elle ne remet pas en compte l’ordre social ainsi, les tatouages de façon récente depuis une dizaine d’années pour les femmes, les pantalons déchirés, les mini shorts dans un but de séduction. Les possibilités de variances masculines sont plus limitées, elles sont centrées sur des signes de pouvoir (voiture, en particulier voiture de luxe de type Mercedes, voiture puissante de type Porsche Cayenne, voiture tout terrain de type Range Rover…). Une autre variance tolérée depuis une dizaine d’années est représentée par les absences temporaires ce peut être simplement de simples promenades en dehors du lieu de travail comme autour du lac de Hoan Kiem, les voyages à l’étranger mais qui nécessite d’avoir de l’argent et du temps libre en congé payé. Cette absence volontaire correspond à une fuite temporaire du monde social public et donc une sensation fugitive de liberté. En résumé il s’agit d’une société quelque peu hypocrite régulant le comportement social, une société autoritaire imposant des normes de comportements (vêtements, relation amoureuse  dans l’espace public) mais tolérant des espaces de libertés non publics (cinéma, karaoké).

 

La société non seulement ne tolère pas mais exerce une violence sur les responsables de vol avec violence. Le responsable est sanctionné très sévèrement par des peines de prison lourdes, le travail forcé, des passages à tabac au commissariat, des mauvais traitements en prison. La société considère le délinquant de ce type comme un concurrent, puisque seule la société à le droit de prélever de l’argent par l’impôt et d’agresser par la police. La société d’autre part se venge de l’agression car l’agressé est considéré comme faisant partie prenante de la société. L’agression contre un individu correspond donc à une agression contre la société. La société en fait désire éliminer l’agresseur ou le voleur. Il s’agit en fait d’une relation verticale, le vol avec violence transférant sa violence de la personne agressée vers le groupe social. Les violences de type horizontal par exemple intervenant dans le cadre de litiges de type dettes impayées sont par contre quasiment tolérées. Par ce fait, cette société diffère des sociétés occidentales où on vise lé réinsertion des délinquants. En effet la société vietnamienne est une société pauvre, les moyens de la communauté ne permettent pas d’investir dans la réinsertion des délinquants voire la réinsertion des malades handicapés. D’autre part, la réinsertion signifie tolérer la marginalité et en particulier les délinquants alors que la société en fait cherche au contraire une vengeance contre la violence exercée indirectement contre elle, la mise à l’écart voire l’élimination physique du voleur avec violence.

 

  1. Les répercussions historiques récentes.

 

  1. La deuxième guerre mondiale.

 

Elle a entrainé à la fois des problèmes économiques du fait  d’une famine ayant entraîné des millions de morts, la disparition d’une structure sociale coloniale.

 

  1. La Famine.

 

En 1945, les bombardements américains ont désorganisé l’économie  d’où une famine au nord du Vietnam ayant entraîné des millions de morts. Cette famine a entraîné un traumatisme majeur avec une angoisse collective devant l’absence de solution sociale à cette famine. Cette famine a entraîné une angoisse collective qui se pérennise actuellement dans un inconscient collectif. Elle se manifeste par une peur inconsciente d’avoir faim, ce qui centre la vie sur un but alimentaire et privilégie le plaisir oral du repas.

La deuxième conséquence est la crainte d’une mauvaise croissance des enfants d’autant plus que le nombre des enfants est actuellement limité à deux. On les surveille donc  continuellement, on les gave à type de fortifiants divers.

 

  1. L’effondrement de l’Administration coloniale française.

 

Cette Administration à tout d’abord montré sa faillite du fait de ne pouvoir résoudre cette famine. Elle a d’autre part été détruite par le coup de force japonais de mars 1945, coup de force qui a supprimé l’Administration coloniale française et l’a remplacé par une Administration dans les faits directement assurée par l’occupant japonais. L’Empereur vietnamien choisi en priorité par les français parmi des personnalités fantoches et incapables de contestation possédait également une Administration mais qui a été également incapable de gérer cette famine. Ce vide social a donc permis la création d’un Ordre nouveau géré par le parti communiste avec la création d’une nouvelle hiérarchie.

 

Cette hiérarchie est basée sur le chef, le cadre (Can bo). Son rôle est sacralisé par le parti puisqu’il est considéré comme étant au service du peuple. Ceci lui permet d’avoir tout pouvoir sur les subordonnés par une hiérarchie de type pyramidale.

Cette hiérarchie pyramidale basée sur le parti n’est pas contestée par des contres pouvoirs tel que le contre pouvoir judiciaire ou un contre pouvoir parlementaire qui n’existent pas en tant que structure indépendante.

Cette nouvelle structure hiérarchique est acceptée facilement par les habitants à l’époque qui éprouvent un besoin d’ordre  accru par les épisodes récents de famine, la disparition de l’Administration coloniale et l’inconscient collectif basé sur la culture du riz. En effet, il s’agit d’une population qui surtout à peur du néant, en particulier d’un néant administratif pouvant entraîner la disparition de la société. Cette nouvelle hiérarchie assoie son pouvoir sur une bureaucratie basée sur des autorisations écrites, les surveillances par des formulaires et la création d’une classe de bureaucrates dévoués.

 

 

  1. L’évolution récente de la société vietnamienne.

 

Elle est basée sur le passage d’une économie de guerre jusqu’en 1975 à une économie de pénurie jusqu’en 1985 avec ensuite passage progressif à l’économie de marché. La période de guerre qui a limité au maximum les relations sociales laisse comme terrain une notion de méfiance vis-à-vis de l’inconnu suspect d’être un ennemi, un espion. Même en temps de paix, l’inconnu reste à priori un ennemi. Dans une période d’économie de pénurie, l’inconnu est potentiellement un concurrent alimentaire. Dans une économie de marché, l’autre devient un concurrent économique voire un adversaire qu’on considère soit comme un escroc, un espion du concurrent ou un espion de l’Etat.

Lors de la période de guerre, l’effort de guerre a primé sur toutes fonctions sociales. Le Parti joue alors un rôle directeur exclusif. Lors du passage à la paix, la nécessité d’une gestion exclusive et totale par le Parti ne devient plus nécessaire. Il laisse un vide dans la régulation des fonctions sociales. La population occupe ce vide par un retour aux us et coutumes anciens (culte des ancêtres, cérémonie fastueuse du mariage, rôle central de la famille…). L’Etat se contente d’assurer des fonctions minimales (la sécurité, l’éducation…). La seule structure d’entraide et de survie qui persiste reste la cellule familiale. On assiste ainsi à un contraste apparent entre un Etat omniprésent et un repli sur une cellule familiale protectrice. Ceci ce concrétise également dans les cas de divorce. Lorsqu’une femme divorce, ce qui est de plus en plus fréquent, à l’inverse d’en France, elle ne vit pas seule, elle revient chez ses parents qui s’occupent de l’enfant. La famille joue donc un rôle d’autant plus important que la mère doit travailler et ne peut donc s’occuper de son enfant facilement. Celui-ci est donc pris en charge par les grands parents ou les oncles et tantes.

La nouvelle  structuration sociale apparue dans les suites de la 2ème guerre mondiale laisse comme trace actuellement une bureaucratie importante et un attrait également important de la population pour la certification des biens et des documents. En effet, auparavant, le Parti, dirigeant exclusif de la Société, asseyait son autorité par une culture de l’écrit à la fois pour garder une preuve des ordres et des prestations mais également par ce biais il garantissait une certaine sécurité des prestations à la population. Ainsi la population pouvait bénéficier de tickets de rationnement, le personnel méritant pouvait bénéficier de certificats de félicitation. Le Parti obligeait toute valeur qu’elle soit matérielle ou intellectuelle à justifier d’une telle justification écrite.

Cette nécessité imprègne l’inconscient collectif si bien que la population accorde une importance nette à des justificatifs écrits par exemple des certificats d’authenticité de bijoux ou des facturations de repas de restaurant par exemple. Le Parti profitait également de ce support écrit pour asseoir son autorité garantissant donc la certification des documents et des biens et jouant donc le rôle de garantie morale de la Société.

Une autre conséquence du passé récent très meurtrier déjà décrit ci-dessus est que la logique de survie dans laquelle ont vécu les habitants imprègne encore leur inconscient collectif. Ceci  peut tout à fait également s’expliquer par le passage rapide à une économie de marché alors qu’auparavant toutes les prestations sociales  même si elles étaient faibles, étaient assurées par l’Etat. L’habitant doit donc se tirer d’affaire tout seul. Cette situation est différente des français qui vivent dans une société beaucoup plus riche et donc dans une logique actuellement de plaisirs et d’assistanat. Les vietnamiens sont donc plus observateurs que les français tout d’abord car ils ne possèdent pas grand-chose ce qui leur permet d’observer plus facilement les autres puisqu’ils possèdent également peu d’objets, ils apprécient donc plus facilement les différences avec eux-mêmes. L’observation ici dans un but quasi animal permet d’éviter les dangers et les arnaques.

L’Etat et son organe dirigeant, le Parti, se contentent de diriger et de tirer profit de la structure sociale. L’individu pour assurer ses besoins ne peut reposer que sur la famille même si les liens intra familiaux sont très lâches par exemple au 3ème degré. La famille devient ainsi une structure clanique protectrice. Cette absence de protection sociale mis à part les problèmes prioritaires que sont la santé et la sécurité incite les vietnamiens à développer outre les réseaux familiaux, des réseaux locaux par exemple de type tribal en soulignant la solidarité entre gens du même village par exemple (l’individu lors de ses relations avec les personnes étrangères fait mention de son village d’origine pour essayer de trouver des personnes de la même localisation géographique). La population essaie également de développer des réseaux locaux entre professions identiques en particulier au niveau des petites entreprises. On assiste à une stabilisation de l’économie de marché en particulier privative. Auparavant celle-ci se développait, elle occupe actuellement une position à peu près stable. Ceci aboutit au fait qu’actuellement la plupart des jeunes sont en relation avec l’extérieur, soit par la télévision soit par le biais du commerce. Il n’existe donc plus de dichotomie entre les membres du Parti, une économie destinée aux membres du Parti avec un personnel inféodé et une autre population uniquement destinée à un rôle productiviste de paysans. Actuellement la très grande majorité des jeunes manifestent un intérêt pour les produits extérieurs du fait de l’information télévisée et par téléphone ou ordinateur. D’autre part le développement de l’économie de marché aboutit à l’éclosion d’une classe moyenne même si ses revenus sont modestes. Il existe donc maintenant une demande beaucoup plus importante du point de vue économique vis-à-vis de certains produits étrangers par exemple de luxe ou de produits à la mode comme le téléphone portable alors qu’auparavant seule une minorité pouvait le posséder.

 

  1. Les répercussions sociétales récentes sur les fonctionnements des sociétés commerciales vietnamiennes.

 

  1. Les sociétés commerciales sont fortement hiérarchisées.

Ce fonctionnement s’inspire de la société qu’ont connu les habitants à savoir une société basée sur une économie de guerre dirigée par un Parti omniprésent dans le cadre d’une société par nature autoritaire depuis l’antiquité. Le directeur est souvent le propriétaire sauf des cas rares où il est salarié (giam doc cho thue) ainsi un directeur a tout pouvoir sur un chef des ventes qui lui-même à tout pouvoir sur les responsables des ventes en province qui eux même ont tout pouvoir sur les chefs locaux des délégués médicaux qui eux-mêmes ont tout pouvoir sur les délégués médicaux dans les sociétés pharmaceutiques. Chacun se trouve à sa place et reste à sa place. Il ne s’occupe que de son domaine, il ne connaît que ce qui est de sa compétence, le reste lui est caché.

 

  1. La structure de la société est calquée souvent sur une base familiale.

Du fait du passage récent et rapide à l’économie de marché dans un cadre très concurrentiel les seules personnes en qui on peut avoir confiance sont des proches de la famille, ce qui est exacerbé comme il a déjà été écrit par une méfiance atavique. Les sociétés commerciales ont donc souvent une base familiale aussi bien au niveau des investisseurs appartenant à la même famille que les employés également membres de la même famille parfois avec des liens assez distants mais ce qui permet justement l’application d’une hiérarchie.

 

  1. Les relations commerciales entre sociétés.

Le développement des liens commerciaux se fait par la création de réseaux extra familiaux.

Un moyen de développer ces nouveaux réseaux est le repas d’affaires. Ceux-ci ont une vocation beaucoup plus large qu’en Europe. En effet, en Europe le but, comme le nom l’indique, est de conclure une affaire, ici, le repas d’affaires consiste surtout à lier des liens sociaux avec des personnes ou des structures commerciales connues ou inconnues. Dans ces repas il est de coutume de manger beaucoup car il importe de montrer sa puissance qui se manifeste ici par un bon appétit. De même il importe de manger des plats rares ou redoutés par les femmes pour montrer sa force, sa masculinité (chien, chat, serpent…). Enfin, il est également de coutume de manger des plats censés stimuler la libido ce qui permet aux participants de se regrouper dans une classe de personnages puissants par leur masculinité présumée par rapport aux femmes (ingestion de vésicule biliaire de tortues, de coqs, de sang de serpents…). Les boissons alcoolisées jouent également un rôle important. Une beuverie permet de créer un sentiment d’égalité même entre responsables de sociétés de taille différentes puisque chaque participant « supporte » l’alcool de façon identique ou devient soûl comme les autres. Outre ce sentiment d’appartenance de groupe, l’alcool permet aussi de donner un sentiment de puissance par rapport aux autres si « on tient bien l’alcool », ce qui permet d’être considéré comme quelqu’un de puissant socialement. Enfin la pratique des toasts « zo » permet à chacun de se mettre en valeur quelque soit sa richesse, son rang social dans la société. Le buveur qui fait un toast se distingue alors par un petit discours de quelques dizaines de mots ce qui permet de porter l’attention sur lui. Les femmes sont également encouragées à cette pratique de toasts puisque à ce moment elles obtiennent alors un rang à l’identique à l’homme puisque « elle tient le coup ». le repas permet également d’introduire des gens étrangers de différentes sociétés comme par exemple un occidental qui obtient alors un rang égalitaire social sous réserve d’avoir le même comportement c’est-à-dire « tenir le coup », porter des toasts…

 

  1. La sexualité.

Plutôt que de constituer un sujet tabou il vaut mieux parler d’une certaine hypocrisie dans la société et de convention sociale. La pruderie des deux sexes reste une apparence. En effet, une union amoureuse en public contredit le statut individuel par rapport à une société toute puissante. On ne peut former un sous groupe fût-il minime de deux personnes pouvant réaliser un contre pouvoir. Il est donc peu fréquent de se donner la main. Il est mal vu de s’embrasser car apparaît alors la notion de plaisir à deux, égoïste, qui s’oppose au rôle utilitaire social de l’individu, le couple semble alors rejeter son devoir social. D’autre part, le rôle de l’individu reste destiné à la collectivité. Le fait qu’il embrasse une autre personne suscite une certaine forme de jalousie inconsciente car il devrait alors partager théoriquement ce plaisir avec les autres ce qui bien sûr n’est pas possible. Cette pruderie s’affiche également lors du discours de l’individu ou lorsqu’un garçon sort avec une fille. Elle se libère bien sûr « la porte fermée ». Il existe par contre une certaine complaisance sociale dans certaines situations, par exemple au cinéma où les caresses, les baisers dans le noir sont possibles ainsi que dans le taxi puisque le couple à l’abri des fenêtres n’est confronté qu’au conducteur. Cette permissivité est également étendue au karaoké qui se définit officiellement comme un établissement où on peut chanter sur des clips de chansons visualisés sur un écran télévisé. Le karaoké devient alors un espace clos anonymisé où théoriquement on ne connaît pas l’hôtesse et où les photos ne sont pas tolérées. Cet espace clos permet une désinhibition par les chants à voix haute, l’alcool, l’enlacement des hôtesses. Mais cette désinhibition s’arrête là. Il s’agit donc moins d’un espace de sexualité libérée que d’un espace de désinhibition qui constitue néanmoins un stade intermédiaire, les clients pouvant échanger leur numéro de téléphone par exemple avec les hôtesses pour se revoir ultérieurement.

 

  1. La prostitution.

Elle est officiellement interdite car bien sûr l’Etat affirme ne pas tolérer la traite des êtres humains et d’autre part elle rappelle la vénalité humaine encouragée par les colonialistes français. Dans les faits elle est tolérée soit dans les suites d’un karaoké soit en contactant des réseaux organisés par des reines de beauté (Hoa Hau) par téléphone ou par internet. Une autre raison de son interdiction en public est que les femmes doivent participer au travail pour la société et non l’un pour l’autre. La morale sociale ne permet pas la dissipation des énergies dans un but autre que social.

 

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Vincent

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