Réflexions sur la violence dans le milieu du travail à Air France

Réflexions sur la violence dans le milieu du travail à Air France

 

Elles s’inspirent de l’épisode dit de « la chemise arrachée » où un DRH (Directeur de Ressources humaines) et son adjoint se sont vus violemment déshabillés par des membres du personnel en colère à qui on venait d’annoncer un nouveau plan social à Air France. Cette violence tout à fait inhabituelle est favorisée par la dissolution de l’individu dans un groupe où il perd tout contrôle de soi, toute autocritique et où on voit se substituer à sa psyché, une psyché collective basée sur la violence des mots et des actes. Les employés dans cet évènement perdent leurs caractères d’êtres civilisés, qui brident leur comportement primitif et se sentent transitoirement au moins en position de force suivant le principe de la meute.

L’intégration d’un être humain dans un carcan social nécessite la garantie d’un statut social valorisé permettant une autonomie financière de même qu’un animal domestique, pour obtenir sa soumission, doit se voir offrir une sécurité alimentaire. Il en est ainsi des chiens qui laissés à l’abandon par leur maître se regroupent en troupeaux de chiens errants qui deviennent agressifs dans leur quête alimentaire.

 

En effet, dans notre société actuelle de consommation, l’être humain présente en fait un statut d’assisté dans le monde occidental. Cette sécurité sociétale comprend la sécurité sociale, avec des soins médicaux garantis, un emploi garanti à vie dans les grandes sociétés ce qui est de moins en moins fréquent mais qui existe encore par exemple à Air France ou chez les fonctionnaires, une sécurité publique assurée par les forces de l’Ordre, etc.

 

Même les chômeurs bénéficient d’une forme de sécurité avec au moins au début, les allocations chômage, puis le RSA, les soins gratuits grâce à la CMU, les allocations familiales…

 

La notion d’assistance donne l’illusion alors d’une sécurité.

 

Les employés d’Air France qui ont toujours vécu en sécurité ou dans l’illusion d’une sécurité se voient actuellement menacés de licenciements avec une crainte d’autant plus importante qu’à la crainte de licenciement s’ajoute une peur de l’inconnu qui élargit le thème précis de l’anxiété à une anxiété généralisée souvent sous jacente dans la personnalité humaine.

En effet, il s’ajoute une peur occasionnée par la vulnérabilité sociale et une peur de l’incertitude puisqu’en fait le salarié ne sait pas s’il va être licencié ou pas (2900 licenciements sur 60000 employés). Une angoisse inconsciente jusqu’ici oblitérée par le statut social bien délimité de l’individu réapparaît alors avec la double crainte d’être choisi pour la charrette de licenciement et la crainte de changer de statut social en passant de celui d’employé valorisé à celui de chômeur, statut que ne connaît pas l’employé actif. Cette inconnue de ce statut de chômeur le rend d’autant plus anxieux et inquiet puisque la peur de l’inconnu majore la peur d’un évènement déterminé.

 

Cette réalité de l’assistanat est d’autant plus majorée que la société actuelle de consommation décourage en fait toute initiative sociale. L’individu suit ainsi la publicité, prend pour argent comptant les informations télévisées, ne cherche pas à s’informer par lui-même, par exemple dans des livres ou dans des revues, ne s’investit pas dans des discussions politiques. Il devient amorphe socialement. Il devient dépendant de son salaire pour effectuer le choix de ses objets de consommation. Ce choix devient en fait le seul élément actif de sa personnalité puisqu’il ne réfléchit quasiment plus à d’autres thèmes et qu’il perd tout sens critique aussi bien politique que social ou économique.

 

Cette crainte de l’inconnu avec ce thème du licenciement qui lui est imposé entraîne comme il a été dit plus haut une anxiété qui demande à être traitée. L’employé cherche alors à se rassurer en se regroupant avec d’autres individus dans la même situation. Des leaders d’opinion font alors disparaître cette anxiété en la transformant une agressivité. Cette agressivité suggérée par les leaders d’opinion est facilité par l’adhésion au groupe, l’individu perdant alors toute autonomie, se fondant dans le groupe, et perdra encore plus toute initiative, tout réflexion et toute sensation psychologique.

 

Le leader d’opinion désigne alors l’ennemi, ici le DRH (Directeur de Ressources humaines) livré à la vindicte de la meute. L’homme retourne alors à une forme de bestialité. Il est intéressant de remarquer qu’il rejoint ainsi l’évolution des animaux domestiques, livrés à eux-mêmes.

 

Ceci s’explique par le comportement de ces animaux domestiques imposé par le maître humain qui a transposé les principes de sa gestion sociale.

 

L’agressivité est ainsi la réponse de l’individu à son anxiété qui se fond alors dans le groupe, perdant sa psychologie propre pour adopter la psychologie du groupe où il disparaît.

 

 

 

 

 

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Vincent

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