Réflexions sur la saturation par les médias

Réflexions sur la saturation par les médias

 

Il est difficile de dire si ce sont les médias qui proposent, qui imposent une information exclusive sur ce sujet telle que la catastrophe du bus qui a fait 43 morts en octobre 2015 ou si les médias répondent en fait à une demande des consommateurs de nouvelles, demandes qui s’orientent alors vers de tels médias qui peuvent profiter ainsi d’une manne publicitaire assurée si effectivement les auditeurs ou les téléspectateurs les écoutent massivement.

 

On peut ainsi évoquer si l’on estime qu’il y a une demande potentielle, les consommateurs d’information que ce soit audio ou télévision, demande qui est alors satisfaite par les médias, éventuellement de façon anticipée, les médias connaissant alors d’avance une telle demande, plusieurs causes :

  • une première cause est le désir de vivre dans l’instant. Dans notre société l’individu veut tout réaliser et tout avoir tout de suite. Tout peut s’acheter, même le temps. Les médias répondent alors à cette exigence en diffusant en boucle des informations sur un tel fait divers satisfaisant ainsi le besoin d’immédiateté de l’individu. Une telle explication n’explique pas néanmoins la permanence et la rémanence d’une telle information sur une journée voir une semaine comme cela a été le cas en janvier 2015 avec la tuerie de Charlie Hebdo.
  • Une deuxième cause déjà citée, est la peur de mourir. En effet dans une société de consommation où tout s’achète même la santé, le seul élément qui échappe à notre contrôle est notre mort. Cette mort constitue ainsi un sujet d’anxiété qui se concrétise sous la forme de ce fait divers. Cette anxiété, qui est en permanence masquée par notre société, éclate alors au grand jour et demande à être assouvie par cette débauche d’informations sur la mort des victimes de cet accident de la route. Les gens ont besoin d’avoir peur et cette peur tant désirée se manifeste par l’évocation de l’horrible décès des victimes de l’accident. Les gens en ressassant les informations horribles des médias sur ces personnes par exemple brûlées vives ruminent une peur qui peut enfin éclater au grand jour en étant légitimée par les médias et par la description de l’accident. On peut même imaginer que les gens ont besoin que cette peur éclate de façon régulière au moins une ou plusieurs fois par an afin d’évacuer par une espèce de soupape de sécurité cette anxiété qui est le fondement de notre société. En effet l’individu dans une situation anxiogène se cache derrière cette société pour demander assistance que ce soit contre la délinquance, contre le chômage, contre la maladie. Il a donc besoin d’être protégé et inconsciemment perçoit ce besoin entraînant cette anxiété. Une autre solution aurait été de vaincre cette anxiété voire même d’essayer de la comprendre. Par exemple essayer par ses propres moyens de chercher un travail, de maîtriser sa santé en arrêtant de fumer, de manger inconsidérément, en faisant du sport.
  • Une troisième cause peut être un voyeurisme morbide. En effet dans notre société soumise à des tabous en particulier sur la mort, il est interdit ou déconseillé d’évoquer les circonstances d’une mort ou celles-ci sont cachées, « scotomisées ». En effet, il est interdit d’assister à la mort d’un autre individu alors que celui-ci était encouragé dans d’autres sociétés, par exemple dans la société romaine où des condamnés étaient exécutés en public dévorés par des fauves, brûlés, où des gladiateurs pouvaient s’entretuer dans l’arène dans un spectacle ouvert à tous et offert par les gouvernants de l’époque, c’est-à-dire l’empereur. Dans le cadre exceptionnel de cet accident, où régulièrement il est décrit en détails, quasiment toutes les heures, l’individu peut ainsi assister quasiment en direct à l’horreur de la situation. Inconsciemment il s’en délecte, ce voyeurisme peut constituer une forme atténuée d’une forme d’agressivité puisque toute société interdit l’assassinat, en particulier à titre gratuit. Là, en se voyant décrire de façon récurrente les circonstances de la mort des victimes, l’individu obtient l’équivalence d’un spectacle par exemple de condamnés à mort comme à l’époque de la royauté absolue où les condamnés étaient exécutés et torturés en public. En allant plus loin, ce voyeurisme constitue donc également une forme atténuée de tendance meurtrière ou sadique où l’individu aurait le droit de tuer ou de brûler qui bon lui semble.

 

 

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Vincent

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